mercredi 5 décembre 2018

DEDICACE AU CH STE MARIE DU PUY





Je serai en dédicace
le mardi 11 décembre 2018 à la bibliothèque de l'espace rencontre du C.H Ste Marie du Puy en Velay
de 10 H à 17 H
avec Rom Juan, auteur et collègue.

samedi 28 juillet 2018

Le samedi 11 et dimanche 12 août à Beaux ! Dédicace avec "Le Camaret d'Achille"


Beaux : tous les arts en exposition les 11 et 12 août à la salle polyvalente

Les Arts de Beaux proposent une exposition dans la salle polyvalente de la commune le samedi 11 et dimanche 12 août, de 9 heures à 18 heures.
L'événement est désormais ancré dans la tradition. Cet événement créatif sera le 24e du nom.
Vous retrouverez une vingtaine d'artistes qui présenteront leurs créations. Certains effectueront des démonstrations sur place de leur savoir-faire. Toujours est-il que vous aurez à disposition l'auteur de l'objet, de la sculpture ou de la toile pour une discussion sur son art, sa technique, ses sources d'inspiration.
Peintures, bijoux, couteaux, paniers, marquetterie, vitraux, sculptures en métal, créations en tissu..., le marché artisanal offre une palette variée d'objets et cadeaux à offrir ou à s'offrir.
Durant les deux jours, deux écrivains présenteront leurs livres. Il s'agit de Bernard Lhoste et Marie-Noëlle Fargier.
Les Arts de Beaux, c'est aussi un vide-greniers le dimanche autour de la salle polyvalente. L'emplacement est à 2 euros.

jeudi 5 juillet 2018

Douleur






Des jours de ci de là où elle la laisse tranquille. Ces jours où sa gueule angélique se lisse. Ces jours où la musique l’entraînerait dans des pas endiablés, envoûtants…d’autrefois. Ces jours d’accalmie où les couleurs se jalousent, où les mots se célèbrent, où son corps s’identifie, où son cerveau s’éveille, où elle espère. 

Ces jours où la garce lui renvoie son spectre avec délicatesse. Elle s’est éloignée à pas de loup, juste pour l’oxygéner un peu. Et là, la belle prend cet air avidement, elle l’engrange pour l’après. Elle sait que ce n’est qu’une trêve. Des années qu’elle essaie de l’ignorer, de la dompter, de l’accepter comme certains disent. Tel un rapace, elle la survole, l’approche et l’empoigne. « Marie-Louise » elle l’appelle ainsi. La colocataire de sa peau, de ses os. Elle s’approprie son être. Lance des éclairs, la traverse, la foudroie. S’amuse de coups de bec de l’atlas à la sacrée, centrifuge ses muscles squelettiques. 

Pour finir son œuvre, tantôt de sa mâchoire enchaîne sa nuque d’un étau, tantôt de ses serres ligote ses jambes d’un boulet de forçat. Statut de pierre. Son esprit se perd, vagabonde dans une brume épaisse, embrun de molécules artificielles, chimiques. Enfin, le rire de Marie-Louise est moins strident, elle se satisfait de ricaner car elle sait qu’elle ne démissionne jamais. C’est le destin de ses proies, pas le sien. Démission du travail, démission d’aimer, démission…

Marie-Louise sourit. Elle se retrouve en plein pouvoir. Seule face à sa victime, cette belle profiteuse aux yeux des déserteurs ! Elle n’est plus productive. Elle n’est qu’une chose miaulante, cassée. Vrille tatin. Marie-Louise s’en délecte.

vendredi 4 mai 2018

Magnance








Un fil à la patte, vertèbres désordonnées, escargot coquille fêlée
Algo, algie, algues agrippées en fond de mer
Petite bestiole blessée
Carbone d’air
Anoxie



Une plume blanche, légère, aventurière virevolte
Impose l’encre attendue, cataplasme sur l’hôte
Désincarne les coriaces téguments
Puis effleure, caresse, souffle, chatouille, libère
Nébuleusement, indubitablement
Dans un tango d’éther
Vie.

jeudi 5 avril 2018

Questionnaire de Marcel Proust- Secrets de Polichinelle

Questionnaire de Proust- Secrets de Polichinelle

Marie-Noëlle Fargier ne s'est pas débinée, elle a répondu avec sa franchise légendaire aux questions de Marcel Proust.

- Le principal trait de ton caractère ? : - Je suis passionnée. Passionnée par la nature et les êtres. Bref, j'aime la vie !

- Ton rêve de bonheur ? : - Je suis heureuse.

- Ton principal défaut ? : - Le doute. Je me remets souvent en question. Je réfléchis à ma relation à l'autre. Un peu trop, je pense. Du coup, mon indulgence et ma tolérance sont "actives", excepté quand elles sont mises à rude épreuve lorsque des idées ou des comportements m'indignent. Alors là, je deviens une furie !

- Le pays où tu désirerais vivre ? : - Votre question est difficile, Monsieur Proust. Existe-t-il un pays avec une vraie démocratie ? Si oui, ce serait celui-là.

- Tes héros favoris dans la fiction ? : - "Doc" dans "Retour vers le futur", ce scientifique un peu fou (comme sont souvent perçus les plus grands savants) qui voyage dans le temps avec sa Delorean. Faut dire que j'ai vu ces films en boucle ! (Clin d'oeil à mon fils).

- Ce que tu voudrais être ? : - "Je suis comme je suis..."

- Tes héroïnes dans l'histoire ? : - Wangari Muta Maathai est une biologiste, professeur d'anatomie en médecine vétérinaire et militante politique et écologiste. Le 8 octobre 2004, elle reçoit le prix Nobel de la paix pour "sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix". C'est la première femme africaine à recevoir cette distinction. Cette femme appelée "la mère des arbres" a mené un combat extraordinaire au Kenya. Je vous invite, Monsieur Proust, à la rencontrer.

- Le don de la nature que tu voudrais avoir ? : - Ensoleiller les "âmes" si elles existent... ou plutôt les cerveaux qui manquent de lumière.

- Ce que tu détestes par-dessus tout ? : - La manipulation qu'elle soit une emprise personnelle ou collective, toujours source d'injustice (avec une majuscule et au pluriel). Je la supporte très mal et je la combats. Une petite goutte d'eau mais j'agis et j'en parle dans mes romans (clairement dans mon dernier "Le Camaret d'Achille"), mes textes... là, c'est un long débat...

- Etat d'esprit actuel ? : - Cool, c'est le printemps

- Fautes qui t'inspirent le plus d'indulgence ? : - Euh... l'adultère. Non, je plaisante ! Si elles m'inspirent de l'indulgence, c'est qu'elles ne sont pas si terribles. L'homme est loin d'être parfait, la femme, c'est différent, bien sûr... (je plaisante aussi).

- Ta devise ? : - La terre n'appartient qu'à elle-même, sans quoi nous serions immortels.

vendredi 9 février 2018

"Le Camaret d'Achille" lu par Christian Eychloma

« Le Camaret d’Achille » de Marie-Noëlle Fargier
lu par Christian Eychloma







« Et pendant ce temps-là, Loire ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse,
Ô Loire inépuisable et que j’avais aimée...
Loire qui ne sait rien de la souffrance humaine,
Ô Loire inaltérable et douce à toute enfance,
Ô toi qui ne sais pas l’émoi de la partance… »

Je devine votre réaction… Ces vers vous rappellent quelque chose mais avec un petit truc quelque part. Puis vous sursautez en réalisant qu’en remplaçant le nom du fleuve par le nom original (la Meuse), on retrouve bien un extrait d’un poème de Charles Péguy. Gagné !

En lisant « Le Camaret d’Achille », certains vers me sont en effet revenus en mémoire, car ils illustrent de façon si poétique le fait évident que, génération après génération, nous passons, alors que les paysages qui nous ont vu naître, grandir, aimer, mourir, demeurent par endroits presque inchangés.  Les « chibottes », par exemple…
On réalise que l’univers ne nous est ni bienveillant ni hostile, mais simplement indifférent. Et qu’il nous appartient par conséquent, à nous, humains, lors de notre court passage, de nous efforcer de créer du sens dans un monde qui, considéré de façon purement objective, en est dépourvu.  En commençant par nous respecter et nous aimer. Bon, ça s’appelle l’Humanisme.

Souvenons-nous un instant de « La Bukinê d’Anna ».
Sur les lieux-mêmes où s’érigeaient, il y a bien longtemps, la cité d’Hélios du  peuple sédentaire aux cheveux couleur de soleil et le campement précaire de la tribu nomade aux toisons couleur de nuit, Noëlle Fargier nous entraîne cette fois dans l’histoire d’une famille s’étalant sur une période incluant les deux dernières guerres.
Peut-être pour montrer que les siècles s’écoulent mais que l’espèce humaine ne change pas dans sa nature profonde, on retrouve les trois sœurs du premier roman avec leur nom comme unique changement. Trois personnalités identiques à ce qu’elles étaient trois mille ans auparavant, jetées dans le tourbillon d’une nouvelle vie, dans un autre temps, avec ses joies et ses peines. Et l’on ne peut tout d’un coup s’empêcher de se demander : « pourquoi moi, ici et maintenant ? Qu’aurais-je fait à cette époque, dans les mêmes circonstances ? »

L’histoire d’une famille, disais-je. Une histoire qui, observée depuis quelque distance, pourrait en rappeler beaucoup d’autres. La première guerre, d’abord. Vous savez : « la der des der » ! Entre les deux, les difficultés de la vie, et l’influence d’un clergé abusant de son pouvoir sur les âmes simples. Intolérant, exerçant sa tyrannie sur la population des campagnes, avec le terrible destin du jeune Achille. Et la seconde, dix-neuf ans après. Mobilisation, séparations, enfermement interminable des prisonniers de guerre, occupation, résistance, arrestations, tortures, libération, exactions perpétrées par les résistants « de la dernière heure »…

Une histoire humaine, trop humaine.


On n'écrit bien que sur les lieux que l'on connaît et ceux que nous connaissons le mieux et qui nous suivent toute notre vie, ce sont ceux de l'enfance.
Marie-Noëlle FARGIER09/02/2018 
Vos commentaires si bienveillants me touchent sincèrement. Je remercie particulièrement Christian d'avoir transmis poétiquement son ressenti sur le Camaret. Cet endroit magique par sa beauté et que j'affectionne particulièrement puisque ce lieu est l'endroit où j'ai grandi et qui m'a appris l'écoute, le regard, le silence, avec des grands-parents vivant avec une belle et rare philosophie. Je crois que cette chance a été, est et sera l'encre exprimée ou non, mais toujours présente en moi. comme un refuge. Merci.
Jean Louis Gillessen09/02/2018 
Un roman qui ressemble à la personnalité de l'auteure, certes humaniste. Récit et analyse de relations humaines en des époques différentes et troubles, mise en lumière historique, présence de Dame Nature, poésie et rigueur à la fois, tout s'y retrouve pour, comme dit Carine-laure, être transmis dans les mains des enfants. Bravo, Marie-Noëlle, et quelle belle fiche de lecture, Christian.
C.-L. Desguin09/02/2018 
Un texte qui reste ancré pour toujours, ce qui lui confère aussi un réel intérêt. Ah si tous les enfants pouvaient le lire...
Christina Previ(otto)09/02/2018 
Ce récit me semble plein de poésie et de sagesse... Intéressant sur le plan historique et humain, le tout au fil de la Loire.
Séverine Baaziz09/02/2018 
Tourbillon de la vie et grandiosité de la nature... Talent et poésie au rendez-vous...
Un roman très tentant :-)







mardi 6 février 2018

"Léonard ou les odonymes du cancer" de Philippe Couillaud, lu par Marie-Noëlle Fargier






« Léonard ou les odonymes du cancer »de Philippe Couillaud
lu par Marie-Noëlle Fargier

D’emblée je dirais que je ne conseille pas ce livre aux dévoreurs, pressés d’atteindre la fin pour aboutir au dénouement de l’intrigue.
« Léonard ou les odonymes du cancer » se lit lentement, se savoure. Ce roman épistolaire est truffé de figures de style dans une écriture paradoxalement sans fioriture et d’une poésie viscérale. Chaque phrase, monologue, lettre est un foisonnement de réflexions, de sensations, d’émotions avec seulement trois personnages Léonard, Astrid et celui que je nommerais « le messager ». Oui, il est l’interlude entre Léonard et Astrid. Au départ je le soupçonne être l’auteur lui-même, un rêveur où chaque foulée le long de la Garonne (personnage à elle seule) le relie à Léonard et Astrid.

- Te souviens-tu, fleuve de grand charroi, de nos jours de grande parlotte ? J’étais ce personnage-là, jetant sur le monde extérieur un regard absent, loin, très loin de ce qui semblait préoccuper les autres. Or les autres se démenaient dans des combats terribles…

Mais qui est-il ? La Garonne et son complice miment et préparent le lecteur aux états d’âme et charnels de Léonard et Astrid, ces deux amants séparés par la guerre d’Algérie. Astrid est enceinte. Philippe Couillaud sans pudeur et sans vulgarité évoque par chaque lettre du couple le manque de l’un et de l’autre autant sur le plan psychologique qu’intime. Comme si leurs appétits charnels suivaient l’évolution de cet autre personnage « la guerre » !
Léonard et Astrid ne sont pas un couple quelconque, l’un et l’autre s’interrogent, paraissent rebelles. Leurs lettres sont une remise en question permanente. Ils se confrontent, se réconfortent, se souviennent, se révoltent mais jamais ne se soumettent. Vont-ils être contaminés et se fondre dans la masse sous le poids des conditionnements ? Au début de la guerre, Léonard semble se complaire dans son rôle de « guerrier » mais…


-         Vois-tu, mon Léonard aimé, désiré jusqu’aux tréfonds des exigences du plaisir, je ne peux pactiser avec l’innommable. Je souffre de ton éloignement, bien sûr. Mais cela n’est rien à côté de ce que j’endure à travers ton adhésion à cette infamie.

Astrid quant à elle cherche à s’éloigner de ce conflit… Va-t-elle garder cet enfant ? Philippe Couillaud démontre l’impact de l’Histoire sur ce qui devrait être intouchable : la conviction, l’individualité, la dignité…
« Léonard ou les odonymes du cancer » ne se contente pas de dévoiler l’inavouable d’un couple séparé, il décrit avec force les horreurs de cette guerre pour laquelle les mots se taisent encore.

-La belle guerre que voilà, ma chère Astrid ! Oh, la jolie guerre ! Une sacrée garce avec laquelle les hommes convolent en justes noces de viande et de sang. La chair contenue dans les retenues du sexe revient en force, sort de ses gonds, étale au grand jour les miasmes de ses atomes dispersés. Une fois tenu en laisse par la mort, le corps croit en sa possible rédemption. Il espère se rédimer par le don du sang. Il ne peut que pourrir. La guerre pue. Je sens mauvais. J’empeste. Je sue. La peur me colle à la peau dont tous les pores expulsent à cadence forcée les relents de la chiasse.



J’imagine ce livre entre les mains d’un professeur de lettres, un professeur d’histoire tel un explorateur, avant de le transmettre aux jeunes générations afin que « Léonard ou les odonymes du cancer » soit une lettre pour préserver la paix ou tendre vers la Liberté. 


Jean Louis Gillessen06/02/2018 22:01
Séduit par ces extraits et l'analyse réalisée par M-N. Bravo Marie-Noëlle pour cette fiche de lecture. Oui, Christine, Carine-Laure, plusieurs thèmes universels sous une écriture précise qui traduit beaucoup d'émotions et d'authenticité. Félicitations et respect à Philippe Couillaud.
christine06/02/2018 12:25
Je suis d'accord avec toi ! Un livre qui doit être lu, c'est évident... Et une plume que j'adore... Mais Philippe est trop modeste... un auteur à découvrir si vous aimez un style impeccable, une écriture remplie d'émotions et de justesse !!!!
Marie-Noëlle FARGIER06/02/2018 09:32
Après avoir lu ce livre, je me suis dit "Il faut que je fasse une fiche de lecture, il faut que je partage mon ressenti, ce livre doit être lu !" 
Sauf que face à l'écriture de Philippe Couillaud, il me semblait prétentieux de trouver, d'écrire les mots à la hauteur de ce que j'avais lu. Puis, je me suis dit "Là, je suis lectrice et je me lance". 
Mes mots sont rustiques envers ce bijou, ils veulent simplement dire "Ne passez pas à côté de ce chef d'oeuvre" !
C.-L. Desguin06/02/2018 06:47
Ça sent lle besoin de transparence et la vérité, tout ça. Marie-Noëlle Fargier a très bien cerné le livre et ses petits extraits appâtent le lecteur, c'est certain.

lundi 29 janvier 2018

"Les Amours Prisonnières" d'Albert Ducloz lu par M-Noëlle Fargier




« Les Amours Prisonnières » d’Albert Ducloz
Lu par Marie-Noëlle Fargier

«…Prisonnières », oui mais vécues avec une authentique liberté ! Albert Ducloz balaie les préjugés, les carcans, colliers de fer sévissant encore plus fortement dans ces périodes de guerre, la guerre des tranchées et la seconde guerre mondiale.

L’auteur vous convie au sein de deux familles paysannes, l’une en France, l’autre en Allemagne, jumelles dans leurs besoins, leurs habitudes, leurs envies…Le hasard (mais est-ce vraiment le hasard ?) échange les pères de famille. Jean se retrouve prisonnier en Allemagne dans la ferme de Ludwig et ce dernier dans la ferme de Colette, épouse de Jean.

Albert Ducloz retrace alors les événements quasi similaires qui se produisent respectivement dans ces deux « nouvelles » familles. Hasard ? L’amour, la passion s’en mêlent avec des personnages attachants par leur courage, leur avidité de vivre, de survivre. L’auteur vous entraîne à creuser cette nature humaine où la privation de liberté accentue les traits de l’homme qui dépasse ses limites, ses conditionnements mais également sait parfaire ses penchants à la cupidité, à la lâcheté.

Le destin va encore frapper puisque ces deux familles et leurs descendants…vont encore se retrouver pendant la guerre de 39-40, et ce par une intrigue qui vous accroche au roman. Albert Ducloz vous fait traverser les forêts, les villages, les villes des altiligériens, la Suisse, l’Allemagne avec une plume à l’écoute de la nature, de l’histoire, de ses personnages finalement si ressemblants quel que soit leur « camp ».


J’aime les interlignes d’Albert Ducloz qui vont bien au-delà d’un simple roman.

mercredi 17 janvier 2018

Interview par "Secrets de Polichinelle"






Les titres de ses romans attisent la curiosité, il était donc temps de rencontrer Marie-Noëlle Fargier...

1) Peux-tu nous expliquer ce qu'est une "bukinê" et un "camaret" (Je connais "Les filles de Camaret", mais bon...) ?...



- Une "bukinê" est un mot d'origine grecque qui signifie une coquille de poisson, utilisée comme moyen de communication par les bergers (comme un sifflet). J'ai gardé ce moyen de communication dans mon roman. Dans mon histoire, la bukinê est le seul échange que peuvent avoir trois soeurs que la loi a séparées. Je voulais également traduire le son dans mon titre. Le son qui a une grande importance, d'une part pour la traversée du temps, "La bukinê d'Anna" se situe plus de mille ans avant Jésus-Christ, d'autre part, un de mes personnages principaux est musicienne. On retrouve la bukinê dans "Le camaret d'Achille" (suite de "La bukine^d'Anna"). Cet objet est toujours là, retrouvé au pied d'une chibotte au 19ème siecle par une famille de Vals composée, elle aussi, de trois soeurs. Une rencontre va conduire l'une d'entre elles à vivre à Arlempdes, plus précisément dans un lieu-dit très proche de ce village "Le Camaret". Voilà pour répondre à ta question (eh oui, il y a plusieurs "Camaret" !)

2) "La bukinê d'Anna" est ton premier roman... tu viens de sortir un second, "Le camaret d'Achille",... ils ont donc un lien...

- Comme je viens de le dire, un des liens est la bukinê, cet objet étrange qui a défié le temps (on voit bien que c'est une fiction !). D'autre part, on retrouve ces trois soeurs avec des noms différents mais des traits psychologiques identiques. D'une certaine façon, l'environnement, l'évolution, etc. auront-ils la main-mise sur leur comportement ou vont-elles garder ce qui fait leur différence, leur originalité, leur individualité ? Un autre lien capital est l'intrigue qui se déroule tout au long du roman. Des destins se croisent mais est-ce vraiment un hasard ? Des lieux se ressemblent (le Crouzas appelé la Cité d'Hélios dans "La bukinê d'Anna" et le Camp d'Antoune qui surplombe Arlempdes), des rêves étranges ou des visions, mais est-ce vraiment le hasard ? Sans quoi "Le Camaret d'Achille" peut être lu sans sa grande soeur "La bukinê d'Anna". Le changement d'époque, etc. m'a donné cette liberté.

3) "La bukinê d'Anna" est une réflexion sur la nature humaine... un roman qui frôle le fantastique, donc il est légitime de prendre une certaine liberté avec la réalité...

- Oui, "La bukinê d'Anna" est une réflexion sur la nature humaine. Je trouve intéressant de l'observer dans ce qu'on appelle "son évolution" et avec toujours les mêmes questionnements, quelle que soit l'époque. Cette nature humaine fidèle à la pyramide de Maslow où parfois les besoins sont perturbés et renversent la pyramide. C'est peut-être là le côté "fantastique" de mes romans. J'utilise le rêve, l'illusion pour les cartésiens et le reste au bon vouloir du lecteur. Mon roman "La bukinê d'Anna" a été dénoncé parce que, à l'instar d' Albert Boudon Lashermes, j'ai fait des chibottes un lieu d'habitation. Quelle impertinence ! Je ris, car oui, je suis romancière...

4) Déjà de nouveaux projets ?...

- Si les Dieux le veulent... oui, la suite va voir le jour avec encore plus de liberté puisque le côté fantastique va prédominer. Un conte pour enfants est en cours...

5) Sur une île déserte, quels sont les 7 (chiffre magique) livres que tu emporterais ?...

- Si j'étais sur une île déserte, j'amènerais Troyat (j'adore son univers), Baudelaire, Verlaine pour la musique de leurs mots. Zola pour me rappeler que la vie en société n'est pas si rose et une île déserte n'est pas si mal, un livre de photos avec des paysages, la faune, la flore et les grandes oeuvres humaines d'architectes, de peintres, etc. pour ne pas oublier que l'homme peut être extraordinaire. Et puis un livre de chansons pour continuer à chanter et enfin un livre aux pages blanches pour écrire. Pour le chiffre 7, j'aime la magie :)