jeudi 5 juillet 2018

Douleur






Des jours de ci de là où elle la laisse tranquille. Ces jours où sa gueule angélique se lisse. Ces jours où la musique l’entraînerait dans des pas endiablés, envoûtants…d’autrefois. Ces jours d’accalmie où les couleurs se jalousent, où les mots se célèbrent, où son corps s’identifie, où son cerveau s’éveille, où elle espère. 

Ces jours où la garce lui renvoie son spectre avec délicatesse. Elle s’est éloignée à pas de loup, juste pour l’oxygéner un peu. Et là, la belle prend cet air avidement, elle l’engrange pour l’après. Elle sait que ce n’est qu’une trêve. Des années qu’elle essaie de l’ignorer, de la dompter, de l’accepter comme certains disent. Tel un rapace, elle la survole, l’approche et l’empoigne. « Marie-Louise » elle l’appelle ainsi. La colocataire de sa peau, de ses os. Elle s’approprie son être. Lance des éclairs, la traverse, la foudroie. S’amuse de coups de bec de l’atlas à la sacrée, centrifuge ses muscles squelettiques. 

Pour finir son œuvre, tantôt de sa mâchoire enchaîne sa nuque d’un étau, tantôt de ses serres ligote ses jambes d’un boulet de forçat. Statut de pierre. Son esprit se perd, vagabonde dans une brume épaisse, embrun de molécules artificielles, chimiques. Enfin, le rire de Marie-Louise est moins strident, elle se satisfait de ricaner car elle sait qu’elle ne démissionne jamais. C’est le destin de ses proies, pas le sien. Démission du travail, démission d’aimer, démission…

Marie-Louise sourit. Elle se retrouve en plein pouvoir. Seule face à sa victime, cette belle profiteuse aux yeux des déserteurs ! Elle n’est plus productive. Elle n’est qu’une chose miaulante, cassée. Vrille tatin. Marie-Louise s’en délecte.

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