Être Vivant
Je déteste
penser, écrire sur l’être humain. Il m’apostrophe, me révolte, me dégoûte.
J’aime penser, écrire sur l’être vivant. Il me rassure, me fascine, m’affriande.
J’aime appartenir à cette engeance, à elle-seule, aux locataires de cette
sphère souveraine. Tisserands des filaments trophiques. Ère édénique. Vivants,
unique prérequis !
L’autre sur
ses deux pattes de bouc s’invente un désir. Se tenir droit. Être le dominant. Il
pourrit l’Eden. Le plus grand d’entre eux s’installe au cercle de l’enfer, jouit
d’une jeunesse éternelle, fabrique son propre soleil et ses propres étoiles. Au
sanctuaire d’Asclépios « sommo jussus » (ordre de dormir), il éthérise l’humain de faiblesse, d’obéissance, de soumission.
Il donne vie à chaque démon. Terreur nocturne- Paralysie du sommeil. Incubes et
succubes sévissent. Le grand mal. Le Colisée investit la sphère souveraine. L’humain
dans l’amphithéâtre se délecte des chairs des gladiateurs, prisonniers de
guerre, condamnés à mort, esclaves et des animaux sauvages.
Yeux grands
ouverts, les spectateurs aux riches parures des loges spéciales jubilent. Dans ceux des autres, le mydriatique agit encore...
L’incubation :
rite divinatoire, infection invisible.
Puissions-nous
devenir Vivants ?
Marie-Noëlle
Fargier
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