jeudi 25 novembre 2021

Être Vivant

 



Être Vivant

Je déteste penser, écrire sur l’être humain. Il m’apostrophe, me révolte, me dégoûte. J’aime penser, écrire sur l’être vivant. Il me rassure, me fascine, m’affriande. J’aime appartenir à cette engeance, à elle-seule, aux locataires de cette sphère souveraine. Tisserands des filaments trophiques. Ère édénique. Vivants, unique prérequis !

L’autre sur ses deux pattes de bouc s’invente un désir. Se tenir droit. Être le dominant. Il pourrit l’Eden. Le plus grand d’entre eux s’installe au cercle de l’enfer, jouit d’une jeunesse éternelle, fabrique son propre soleil et ses propres étoiles. Au sanctuaire d’Asclépios « sommo jussus » (ordre de dormir), il éthérise l’humain de faiblesse, d’obéissance, de soumission. Il donne vie à chaque démon. Terreur nocturne- Paralysie du sommeil. Incubes et succubes sévissent. Le grand mal. Le Colisée investit la sphère souveraine. L’humain dans l’amphithéâtre se délecte des chairs des gladiateurs, prisonniers de guerre, condamnés à mort, esclaves et des animaux sauvages.

Yeux grands ouverts, les spectateurs aux riches parures des loges spéciales jubilent. Dans ceux des autres, le mydriatique agit encore...

L’incubation :  rite divinatoire, infection invisible.

Puissions-nous devenir Vivants ?

Marie-Noëlle Fargier

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire