Du
chasseur-cueilleur- terre de nomade, au paysan sédentarisé, à l’artisan (« Artizans
de tous mestiers » Rabelais), au marchand, au troubadour- Villages féodaux.
De l’agriculteur, au tâcheron, à l’ouvrier, au commerçant, à l’artiste – cité
productive. De l’industriel alimentaire, à l’actionnaire, au lobby- manufacture
mondiale.
Travailleurs
à la tête soumise, à la peau déchirée, à la vie robotisée.
Chasseur-cueilleur
victime solitaire. Gouttes de pluie s’accordant à la poésie du temps.
Paysan,
ouvrier, serfs de la mécanisation. Homme-Machine. Lui usé, chair asservie au
rythme endiablé de sa coéquipière. Cette ferraille acérée, tranchante,
écrasante. Métronome assourdissant d’une œuvre infernale. L’oreille absolue
alerte. Troubadour bâillonné.
Produire
et survivre.
Au
milieu du panier du cueilleur, quelques fruits plus juteux, plus sucrés. Au
fond, les plus gâtés les convoitent, certains y parviennent, juste
quelques-uns. Les accrocs, les conditionnés des spots publicitaires, des images
médiatiques. Vie « épanouie » d’une consommation orchestrée. Ces
quelques fruits s’accrochent à ces branches dorées, faisant fit des racines.
Philosophie paysanne. Les branches cèdent. Les fruits pourrissent. Ont-ils oublié
qu’ils étaient éphémères ? Leurs dépouilles nourriront la terre.
Arbre
de vie peint, brodé, sculpté. Macrocosme témoin de la naissance, de la mort, de
la métamorphose jusqu’à la déforestation apocalyptique. Chef d’œuvre de la
sphère corruptible qui réduit le cueilleur ancestral en automate sous l’emprise
du système informatique. Humanoïde fiché, étiqueté, pisté. Arts censurés.
Produire
et obéir.
Puis-je
te retrouver, cueilleur, sous l’arbre de vie ? Te regarder remplir ton
panier de fruits colorés et savoureux. T’imaginer les déguster pour te nourrir.
Et vivre celui que tu es et aurais dû rester. Panseur de l’arbre et des tiens, vieillissant
douillettement sous l’ondée musicale.
Je
t’offrirais alors un brin de muguet.
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