jeudi 28 septembre 2017

Joël Vernet lu par M-Noëlle Fargier, article paru sur la revue 'L'Etat des Lieux" Journal trimestriel du Haut Allier et de la Haute Vallée de la Loire

Joël Vernet,  un talentueux écrivain et poète de Saugues !
 de M-Noëlle Fargier







Après avoir lu « Au bord du monde » qui précède « La maison immobile » de « Les petites heures » où l’on retrouve nos villages, j’ai eu envie de vous écrire une note de lecture de ce manuscrit que j’ai trouvé magnifique.


« Au bord du monde » de Joël Vernet

Oui, Joël Vernet amène le lecteur « Au bord du monde » ! Les pieds nus sur la terre ferme et rude de la Margeride, vous vous apprêtez à vous lancer dans le vide avec une burle d’émotions, de ressentis à la rencontre des habitants de ce terroir. Des hommes, des femmes, des enfants modelés par cette terre.

Dès les premières pages, la poésie de l’auteur est telle qu’elle aiguise vos perceptions en partageant cette singulière nature avec une sincère générosité « Durant la nuit, il a neigé sur les sommets des montagnes toutes proches alors que le cerisier, dans le petit jardin, est nu, vêtu seulement de ses premiers bourgeons… » Déjà, on ne peut que percevoir les contrastes qui régissent cette région et laissent deviner ses influences sur les hommes. « L’Etre humain est dans son pays comme un coffre-fort où rien ne peut l’atteindre ».

L’auteur ne se contente pas de belles descriptions, « Au bord du monde » les fait vôtres. La nature est si présente, si forte qu’elle devient un Etre à part entière. Elle est source de création « C’est un pays où souffle, sans conteste, l’esprit divin. »  La Margeride s’incarne en un sanctuaire « Ici, on éprouve parfois le sentiment d’offrir à boire au monde entier. Pour un peu, j’ai cru naître au Tibet… ».

Au fil des pages, imprégné par le quotidien de ces hommes qui se battent pour survivre dans cet univers coriace, et bercé de lenteur, de silence, les personnages s’invitent, bouleversants de beauté « …nous ressemblions à ces tribus nomades du Caucase ou de Mongolie… ». Je pense particulièrement à l’évocation de la famille de l’auteur, au père, à la mère «...Mère s’enfonce le poignard du silence dans le cœur… », au grand-père « A lui seul, il est une forêt de ce paysage », à la grand-mère « Elle écrivait des phrases, à la plume, sur des bouts de papiers récupérés ici ou là et m’invitait à l’imiter. Nous les posions sur le rebord de la fenêtre basse d’où l’on apercevait le ciel... »

Comme il le stipule dans ce livre, Joël Vernet a beaucoup voyagé, et pourtant « Au bord du monde » concurrence d’exotisme toutes ces contrées. La Margeride serait-elle un « sentier initiatique » ? En tout cas, il me semble qu’elle est pour Joël Vernet le berceau de son art, et quel art ! Une écriture avec une encre ineffaçable car, comme la Margeride, elle laisse une trace d’un rare pouvoir. Celui qui incite une forte impression et un riche questionnement au point final.


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