lundi 12 août 2024

à chaque être vivant,

 

À chaque être vivant,

 

Il accompagne nos vies, sans bruit ou presque. Quelques sons de gratitude et d’amour inconditionnel. Il apaise nos humeurs capricieuses d’humains prétentieux. Fidèlement.

Il est trop souvent le souffre-douleur, l’oublié de la condition terrestre dans la hiérarchie du vivant. Il est parfois le serviteur de l’homme, son larbin sans droit avec le devoir de travailler et obéir. Il ne doit jamais faillir à cette seule destinée, sinon l’humain s’en débarrasse sans embarras. Celui-là l’achète, le vend, le donne, le troque, l’abandonne, le maltraite, le tue. Il est sa chose tel un esclave. Lui, continue à l’aimer.

Il hennit, il aboie, il miaule, il braie, il bêle, il piaille, il meugle, il caquette etc. Le maître du langage snobe ses galimatias et déblatère sur ces sous-classés de la nature qui traînassent sur terre, les domestiqués. Le dictateur planétaire lui arrache ses petits, se nourrit de sa chair... Il l’enferme, il l’entasse, il l’écrase, il l’engraisse. Il est sa machine à sous.  Industrie- Rendement.  Lui, continue à espérer.

 

Lui, continue à l’aimer, Lui, continue à espérer. Quelques bipèdes sur pieds entendent cet appel et luttent pour la dignité de l’animal.  Des associations agissent, des politiques dénoncent. « La dignité », terme galvaudé, utilisé des plus grands aux plus petits, au sens détourné, arc-bouté, des philosophes aux religieux, piétiné par le capitalisme toujours plus fort, exercé par l’argentier toujours plus riche.  Il me plaît d’utiliser ce terme « dignité » pour la bête, la mettant enfin sur le même palier que l’être humain quel qu’il soit. L’animal n’est pas l’unique victime, la vulnérabilité attire le dominant, il tatoue la peau du pauvre type, puis le dégrade jusqu’aux oubliettes. Il suffit d’être sans emploi, puis sans toit, il suffit de percevoir un salaire ou une pension de retraite indécents, il suffit d’être sans soutien familial, il suffit d’être né au mauvais endroit, lourd de la mémoire des colons, lourd d’un pouvoir dictatorial, lourd d’irrespect démocratique, il suffit d’être sans papier, il suffit d’être sans territoire, expatrié, il suffit d’être différent, il suffit…

 

La main humaine se régale d’user de la maltraitance. Elle est capable de franchir le mur de l’imaginable jusqu’au génocide qu’il soit animal ou humain. Ignorance, cruauté ? Bourreau, doté d’une conscience excessive de sa propre valeur, éborgne l’autre sans scrupule.  Le mufle a un besoin incessant de propriété du territoire et de tout être vivant. Influence capitaliste ?  L’humain peut être ainsi. Il parvient même à justifier de tels actes ! Fort de son pouvoir, il sait faire détourner les regards, faire baisser les yeux et fédérer les peuples à ses actes pervers.  Ceux qui osent résister, parler, écrire, dénoncer, subissent les insultes et...

Face à ce réel indiscutable d’atrocités, l’acte barbare perdure sur toute notre planète. L’Histoire n’a de cesse de se répéter.  Faut-il prendre conscience que demain chacun de nous peut devenir la victime pour qu’enfin la barbarie cesse ? C’est un leurre de choisir le camp du criminel en pensant éviter devenir sa proie ! Il y aura toujours un tyran pour naître sur cette terre, prêt à mettre en œuvre son despotisme. Savoir le dénicher et le stopper dans une cité où domine la Sagesse. La distance n’est plus une excuse. Abattre les frontières et mettre fin aux génocides, guerres, massacres, tueries, incendies, bombardements.

Un enfant, seul, continue de pleurer loin de moi et pourtant je pourrais le bercer contre mon sein ; la terre s’étouffe sous nos déchets, l’air s’asphyxie de notre pollution et l’univers saigne sous nos bombardements.

 

Il suffirait de décapiter celui qui depuis des siècles nous enchaîne, faisant de nous des choses, des robots, des machins.

Il suffirait de penser. Pour toi, pour moi, pour notre survie.

 

Marie-Noëlle Fargier

mardi 23 juillet 2024

Notes de lecture "les Croque-mitaines du Peuple- de l'Elbe à la Loire"

 

Je dis souvent l'auteur n'est rien sans le lecteur et lorsque ce dernier vous interpelle, vous écrit pour vous parler de lui. "Lui" avec lequel vous avez tant partagé, tant imaginé, tant vécu qu'il devient réel. Il est au-delà d'une histoire, il s'incarne en chair, en os, en pensée. Enfin à sa naissance, il ne distingue plus l'auteur ou le lecteur. Il est l'essentiel et qu'importe qui a lu ou qui a écrit. Quel bonheur de le partager et de parler de lui, simplement.
Reconnaissance.




Un livre à croquer

Chère Marie-Noëlle,

Juste pour te dire que j'ai commencé et avancé ton livre et que déjà je suis impressionné par la documentation et le rattachement très bien articulé entre grande histoire et histoire privée.

Un grand travail littéraire où les dialogues sous ta patte singulière, souvent ironique et narquoise font mouche de page en page. Et donne grande vie à cet ambitieux projet, réussi.

Une oeuvre d'écrivaine accomplie qui mérite la plus grande visibilité. Un livre dans le sens de l'histoire avec toute la subtilité féminine et l'érudition qui va avec (un livre engagé, politique est toujours casse-gueule, mais ici, il est largement surmonté par la très belle facture artistique dans la continuité historique)…


Noëlle, bonjour !

Je viens de terminer « les croque-mitaines du peuple »…Autant te dire tout de suite que j’ai pris beaucoup de plaisir à te lire. Je t’ai d’ailleurs presque lue d’une traite…Ton écriture est fluide, elle coule bien et sa simplicité est idéale pour raconter une histoire. Et quelle histoire ! Qui semble, si l’on en croit l’avertissement, avoir un rapport avec ta propre histoire…Tes personnages essentiels sont très sympathiques, Franz, Markus, France, Waagal et autres. Ils sont aussi très humains et porteurs de si belles idées…J’ai été pris par cette histoire, très déçu de ne pouvoir rencontrer Marlène et presque à verser une larme à …Plus le roman avance, plus les idées se dissolvent dans la chair des personnages et plus le roman est prenant…

dimanche 21 juillet 2024

 

Je t'ai appelé Anna

Il y a 35 ans

Amputée de mes bras

Mon doux enfant

Je crie ton absence

Les hommes de science ont scié notre alliance

Le silence de tes pleurs

Petite Anna

Ta vie sans heure

Ton âge sans odeur

Ton sourire sans chaleur

Tes yeux sans couleur

Petite Anna

A jamais meurtrie

Par la pieuvre autopsie

Seule, à te connaître

Mon petit être

Ma main sur mon ventre mortuaire

Je te berce sur le chemin de l'autre ère

Mon corps accouche de ta mort

Le tien laissé à l'abandon

Seules, à subir ce sort

Par l'interdit de ton nom

Aujourd'hui je l'écris

Je le chante, je le vis, je te vis

Anna,

Ma fille.

 

Il est Côme

Comme ci

Et elle monte au paradis

Comme ça

Elle descend au plus bas

Elle est le O

Sous son chapeau

Le M qui marche à son pas

Le E qui s'arrête sans embarras

Et elle glisse sur sa tête

S'accrochant au C du commencement

Désaxée telle une girouette

Démâtée de son Enracinement.

mardi 30 avril 2024

Chronique "Toutes les nuits sont pleines de lunes" de Brigitte Giraud

 


J'ai lu...





Journée pluvieuse de bruits métalliques. Une petite lampe éclaire des mots. Mon vieux chien dort. Des barreaux noirs, mastocs grillagent l’astre.

Je lis silencieusement.  Soudain de cette cage, les mots tambourinent si fort qu’ils m’obligent à les libérer. Alors, je les chuchote.  « C’est elle qui nous conduit quand on a guéri du jour et de ses bruits ».  

 « Elle », ce pourrait être Œdipe « La nuit nous égare sur un chemin imprévu, le silence est un simulacre. Ou une absence » ; « Elle » ce serait une Amazone fantasmagorique « On se dit que la nuit ressemble…aux nuages qui font de grandes batailles là-haut, à la chair des rêves devenus fous, à des mots étouffés…, à des couleurs violentes… ». 

La voix exorcise la chimère, elle s’accorde à la poésie. Je lis presqu’à voix haute.  « On s’installe dans un présent qui suffit à la nuit. On s’assoit sur la pierre en plume d’oie de l’éternel retour. Et les regrets sont morts. »

La poétesse m’invite, de valses en errances, à travers cette multitude de lumières « Tu laisses alors planer tes yeux dans l’air et tu attrapes des petites poussières qui volent dans un rayon de lumière. Tu penses sans raison à une expo de peinture… ». Lueurs tamisées, éclairs aveuglants ; tantôt flambeau, tantôt chandelier.

« Elle », métamorphose du phœnix. « Elle » quête perpétuelle ou oracle lunaire, peut-être une sorte de mise en ordre. « On fait le tour à l’intérieur de soi », « Tout un charivari perdu en soi ».

 

Puis, il est « quatre heures passées ».  Sous mes doigts, le livre se partage et je murmure « Toutes les nuits sont pleines de lunes ».

 

« Un grain de soleil tombe dans la mer »

Brigitte Giraud m’entraîne dans cette phase entre la nuit et l’aube ; elle décrit avec finesse et grande poésie cet état physique ou mental qui oscille entre les deux mondes.   Un déchirement s’insinue avec le « on », le « tu » mettant fin aux têtes à tête avec soi-même.  Puis Le mouvement s’accorde au son du piano. Serait-ce un corps qui, longuement, s’étire ? Avec lui, tous les sens œuvrent, comme dans une volonté de s’extraire de la torpeur nocturne. « Tu sors dans le jardin goûter l’air mouillé… ».

 

Et puis le jour est là. « La nuit s’écorche dans le bruissement des arbres…les ombres s’effondrent sur le lit, et creusent des abîmes où coucher encore des rêves flous. » L’auteur de ce texte beau, profond parvient à une symbiose des éléments, des êtres, des choses. Il n’y a pas d’échelle, de hiérarchie, de chronologie, en revanche une synchronicité certaine. Le lecteur écoute le tap tap tap de la pluie, le bruissement du vent ; essuie d’un revers main les gouttelettes qui jaillissent, caresse les plumes du rapace des images monochromes.  

Chaque mot, chaque poème, chaque page incarne le repli ou l’éclosion de l’être seul ou avec l’environnement.

 

 « Toutes les nuits sont pleines de lunes » est un hymne au temps.

 

« Un éclat d’aube nous traverse comme le temps sur nos vies. »


Marie-Noëlle Fargier


 

 


Salon d'Espaly 2024 !


 


Amis lectrices et lecteurs, je vous attends samedi 4 mai au salon d'Espaly où je présenterai mes ouvrages :) 

mercredi 27 mars 2024

Dédicace à Brioude !

 








Samedi 30 mars, venez rencontrer 𝗠𝗮𝗿𝗶𝗲-𝗡𝗼𝗲̈𝗹𝗹𝗲 𝗙𝗮𝗿𝗴𝗶𝗲𝗿 pour la sortie de son roman, 𝘓𝘦𝘴 𝘤𝘳𝘰𝘲𝘶𝘦-𝘮𝘪𝘵𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘥𝘶 𝘱𝘦𝘶𝘱𝘭𝘦. 𝘋𝘦 𝘭'𝘌𝘭𝘣𝘦 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘓𝘰𝘪𝘳𝘦.

Roman historique, roman engagé, ce nouveau livre est aussi un formidable roman d'apprentissage et de transmission, qui mêle à l'histoire d'un court XXe siècle tragique et naufragé les destins compliqués de Franz et Markus, entre Dresde et la France.


lundi 22 janvier 2024

Texte de Marguerite Yourcenar

 




Vous ne saurez jamais que votre âme voyage

Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été;
Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.
Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.
Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
Extrait du recueil « Les charités d'Alcippe » de Marguerite Yourcenar.