Joël
Vernet, un talentueux écrivain et poète de Saugues !
de M-Noëlle Fargier
Après avoir lu « Au bord du monde » qui précède « La maison immobile » de « Les petites heures » où l’on retrouve nos villages, j’ai eu envie de vous écrire une note de lecture de ce manuscrit que j’ai trouvé magnifique.
« Au bord du monde » de Joël Vernet
Oui,
Joël Vernet amène le lecteur « Au bord du monde » ! Les pieds
nus sur la terre ferme et rude de la Margeride, vous vous apprêtez à vous
lancer dans le vide avec une burle d’émotions, de ressentis à la rencontre des
habitants de ce terroir. Des hommes, des femmes, des enfants modelés par cette
terre.
Dès
les premières pages, la poésie de l’auteur est telle qu’elle aiguise vos
perceptions en partageant cette singulière nature avec une sincère générosité
« Durant la nuit, il a neigé sur les
sommets des montagnes toutes proches alors que le cerisier, dans le petit
jardin, est nu, vêtu seulement de ses premiers bourgeons… » Déjà, on
ne peut que percevoir les contrastes qui régissent cette région et laissent
deviner ses influences sur les hommes. « L’Etre humain est dans son pays comme un coffre-fort où rien ne peut
l’atteindre ».
L’auteur
ne se contente pas de belles descriptions, « Au bord du monde » les
fait vôtres. La nature est si présente, si forte qu’elle devient un Etre à part
entière. Elle est source de création « C’est
un pays où souffle, sans conteste, l’esprit divin. » La Margeride s’incarne en un sanctuaire
« Ici, on éprouve parfois le
sentiment d’offrir à boire au monde entier. Pour un peu, j’ai cru naître au
Tibet… ».
Au
fil des pages, imprégné par le quotidien de ces hommes qui se battent pour
survivre dans cet univers coriace, et bercé de lenteur, de silence, les
personnages s’invitent, bouleversants de beauté « …nous ressemblions à ces tribus nomades du Caucase ou de Mongolie… ».
Je pense particulièrement à l’évocation de la famille de l’auteur, au père, à
la mère «...Mère s’enfonce le poignard du
silence dans le cœur… », au grand-père « A lui seul, il est une forêt de ce paysage », à la grand-mère
« Elle écrivait des phrases, à la
plume, sur des bouts de papiers récupérés ici ou là et m’invitait à l’imiter.
Nous les posions sur le rebord de la fenêtre basse d’où l’on apercevait le
ciel... »
Comme
il le stipule dans ce livre, Joël Vernet a beaucoup voyagé, et pourtant
« Au bord du monde » concurrence d’exotisme toutes ces contrées. La
Margeride serait-elle un « sentier initiatique » ? En tout cas,
il me semble qu’elle est pour Joël Vernet le berceau de son art, et quel
art ! Une écriture avec une encre ineffaçable car, comme la Margeride,
elle laisse une trace d’un rare pouvoir. Celui qui incite une forte impression
et un riche questionnement au point final.