lundi 1 septembre 2025

Salon des Estables le 13 septembre 2025




Suite et fin de la présentation des 20 autrices qui vous attendrons à la Fête du Livre au Féminin des Estables le samedi 13 septembre.

 Tout d'abord l'association Rivières Sauvages et son programme pédagogique « Graines de Rivières Sauvages » permettent aux citoyens habitant sur les bassins de Site Rivières Sauvages de mieux s’approprier ce concept et d’en devenir de véritables ambassadeurs. L'association présentera son recueil de poèmes entièrement illustré par des œuvres en cyanotype, créations inédites des jeunes participants de Graines de Rivières Sauvages.

 

Ensuite venez rencontrer Lili Falcon (alias Lili des orties) une figure emblématique des Estables qui viendra dédicacer son premier recueil « Du brin d’herbe à l’arc en ciel »

 

Nous aurons aussi la chance d'accueillir la pétillante et si douce Marie-Noëlle Fargier qui partage avec ses lectrices et ses lecteurs sa grande sensibilité à travers ses différents romans.

 

Et pour conclure je serai présente avec tous mes romans mais surtout avec le dernier "Les rêves d'un chat sont peuplés de souris" que je me ferai une joie de vous présenter !

Alors, vous venez ?

 

Frédérique Hespel


mercredi 4 juin 2025

Libre

 







Je me rencontre parfois grâce à celui qui me connaît ; parce que je l’aime, il m’apprivoise. Il sait me faire oublier cette mémoire qui défaille à mon appel. Il sait la faire taire. Il m’habille de l’anamnèse du cueilleur, celle qui se fout du reste : des souvenirs, ces reliquats qui vous font peut-être croire à un futur. Lui, il s’en moque. Il n’est que le présent fluctuant par quelques rayons, quelques coups de tonnerre. Il me réchauffe, je me délecte de ces gouttes fines ou épaisses. Je creuse, je sème. Mains sales, je m’imprègne de son origine, mes ongles ras se noircissent ; mes pieds s’encrottent.  Je m’en contrefiche. Sa crasse est voluptueuse, noble, pur. Mon chien me rejoint. De son appellation aristocrate, il ne reste rien. Oripeaux de poils. Regard tendre, satisfait de sa condition. Je déambule à travers les allées verdoyantes parsemées de pâquerettes, voisinant avec les herbes folles ; je m’encense du parfum des roses anciennes ; j’effleure les fleurs fidèles, nomades de chaque printemps, séductrices de l’œil ; je me noie sous le feuillage du seigneur ancestral de ce lieu, touche son écorce lénifiante. Ici je n’ai plus d’âge, ici je ne sais plus le jour ni l’heure. Je m’en moque. Ici, avec lui, je suis moi. Il est mon jardin, il est la terre. Il est les espèces vivantes, sans la folie et la bassesse humaine. Il est ma chère solitude. Il est mon équilibre. Libre.

 

M-Noëlle Fargier

mercredi 5 mars 2025

Puis-je continuer à écrire ?

 

Puis-je continuer à écrire ?  Mes doigts sont-ils assez agiles, ne vont-ils pas trembler sur les lignes droites et dirigées ? Plan horizontal, perpendiculaire d’une pesanteur parallèle. Je ris.  Ma main doit se coordonner à la volonté des tas de potiches humaines. Á leurs désirs universels de légèreté, de superficiel. Mon écriture doit se concentrer sur un unique objet : « le moi ».  Existe-t-il un temps quasi réel dans le présent et inévitable dans le futur ? Je devine l’avenir de cet objet, reflet de la société, qu’on appelle « le livre ».

Ainsi, le mot gardera l’éclat du jeune, du beau, sans rayure. Il aura un unique dessein : transmettre l’acceptable.  Un dosage subtil, mesuré avec un filet d’intrigue, quelques gouttes de sexe, une larmichette d’Histoire ; le tout mixé dans un verre à cocktail bleu nuage, rose pâle. Évidemment les affects tristes empoisonneraient l’encre, ils seront donc bannis. Entre autres. Quel bien-être pour l’esprit et le corps !  Roman léger comme une plume ! Plus de passion, plus de guerre. Quelle sérénité !  Fini la torture de la page blanche des écrivains sans bobos. Fini la quête des synonymes, le champ lexical deviendra un petit pré.

-      -  Cependant pourra-t-on encore attribuer à la lecture, la vertu d’évasion ?

-      - Bah non, le mot « vertu » perdra ses antonymes, alors survivra-t-il ? Quant à « l’évasion » sera-t-elle encore vitale ?  

-      -  Les livres qui apportent la connaissance, la culture (comme les essais), vont-ils disparaître ?

-     -   Comment dire ?... Non. Seule l’orientation changera. La connaissance sera la connaissance de soi, le développement personnel. La culture gardera sa définition au sens large, allégée de quelques mots.

«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. »


-       Sommes-nous entrain d’oublier ? « Tant que la lecture est pour nous l’initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire » Marcel Proust.

 


Je relis ce texte que je viens d’écrire. Il est long, sans image, ni photo  ; sera-t-il lu ?

Il devient la clé de mon prochain roman, je vous transmettrai le premier passage dans environ un an, si Dieu ou je ne sais quoi, le veut.

Marie-Noëlle Fargier

dimanche 23 février 2025

Ailleurs

 

Je lève la tête sur une rosace titanesque tissée de plumes d’anges, l’œil s’égare, se liquéfie parmi elles. Elles jouent avec l’intrus, virevoltent en pas de danse négligemment savants, sautillent d’un arc de cercle à un autre, m’isolent de la Terre.  Elles s’irisent de traînées céruléennes, pailletées d’or. Elles me portent, m’emportent. Les notes du piano d’Elle(s) me subjuguent, elles s’entrelacent, inséparables. La grâce d’Elle(s) me saisit, on danse, indissociables de strate en strate vers une lumière chaude. 
Soudain, le tourbillon me bouscule, m’écartèle, m’emprisonne dans une destinée irréversible. Je reviens. Je saisis quelques pétales, les accroche aux cordes d’une partition,  pour ne pas oublier. Les fleurs givrées fondent sous mes doigts.  
Des larmes chaudes raniment les restes charnels.

 

Février 2025

Marie-Noëlle Fargier

lundi 27 janvier 2025

Rêve

 

Rêve presque éveillée, spectatrice du fil de ma vie, tissée de métaphores élégantes, douces et cruelles, de câbles de passeurs puis d’attaches rompues, recousues, effilochées. Je m’accroche désespérément à des haillons de camisole. Les mots se déchaînent en agonie, je veux les oublier. Puis ils sonnent telle une symphonie, je voudrais les écrire. Le rêve se poursuit, murmure des phonèmes, « le moi, le ça et le surmoi » se chahutent, je voudrais rire en explosant ces « entre-soi ». J’y parviens. Je me lève, une pluie épaisse s’accorde au lever du soleil. Des gouttelettes perlent sur les feuilles argentées de l’olivier. J’invite Bach à se joindre à nous.  Un coq chante. Quelques flammes dansent encore dans l’âtre…