J’ai rencontré la Brenne.
Les yeux fixes, la nuque droite sur
cette étendue colorée d’herbe généreuse et plate. Ils n’ont ni espéré, ni
deviné de cols inatteignables. Ils se sont contentés d’un ciel. Réverbère d’une
terre. Synchronie universelle sans prétention. Ma nuque ne se renverse pas,
elle se souvient de cette même droiture face à l’horizon. Celui de la mer. Ce
ciel lui ressemble. Infini. Serait-ce le souvenir de son passage
lointain ? Avant que cette terre ne se creuse pour accueillir les eaux
boueuses des torrents de mon massif…
Etangs blanchis de nymphéas, roselières, landes
mauves de bruyères, champs noircis d’automne, bocages de verdure murmurés par
le baldaquin rosé, filaments argentés percés de rayons translucides, sages et
réguliers. Douceur. Seule, debout je contredis cet univers longitudinal.
Longévité ? La cistude en témoigne.
Je poursuis cette route, ligne droite
sans surprise. Des arbres sagement me saluent, haie d’honneur. Seuls des
chemins de terre jaunie autorisent le passage des vivants. La forêt est dense.
Autoritaire, elle transperce de sa hauteur l’assiette terrestre. Ma nuque se
renverse. Mes paupières se cognent aux feuilles des grands chênes, des pins,
des feuillus. Ils chuchotent au firmament sa grandeur retrouvée.
D'un sentier, j’aperçois quelques biches, quadrupèdes liés à cette horizontalité. Elles approchent de l’asphalte humain,
effarées par une salve d’horreur mortuaire, de tirs sanguinaires. Je conçois ma
place d’humain. Humblement baisse la tête. Honteuse. Je quitte les bois.
Le
ciel et la terre forts de leur transparence où l’œil humain ne se repère m’invitent
à nouveau. Le soleil lent et léger, lance des éclairs endormis rosés sur les grès
rouges de la Brenne que l’homme a verticalisés pour bâtir sa demeure.
Qui est
donc ce bipède étranger qui se prétend si grand ?
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