À chaque être vivant,
Il accompagne nos vies, sans
bruit ou presque. Quelques sons de gratitude et d’amour inconditionnel. Il
apaise nos humeurs capricieuses d’humains prétentieux. Fidèlement.
Il est trop souvent le
souffre-douleur, l’oublié de la condition terrestre dans la hiérarchie du
vivant. Il est parfois le serviteur de l’homme, son larbin sans droit avec le
devoir de travailler et obéir. Il ne doit jamais faillir à cette seule destinée,
sinon l’humain s’en débarrasse sans embarras. Celui-là l’achète, le vend, le
donne, le troque, l’abandonne, le maltraite, le tue. Il est sa chose tel un
esclave. Lui, continue à l’aimer.
Il hennit, il aboie, il miaule,
il braie, il bêle, il piaille, il meugle, il caquette etc. Le maître du langage
snobe ses galimatias et déblatère sur ces sous-classés de la nature qui
traînassent sur terre, les domestiqués. Le dictateur planétaire lui arrache ses
petits, se nourrit de sa chair... Il l’enferme, il l’entasse, il l’écrase, il
l’engraisse. Il est sa machine à sous. Industrie- Rendement. Lui, continue à espérer.
Lui, continue à l’aimer, Lui,
continue à espérer. Quelques bipèdes sur pieds entendent cet appel et luttent pour
la dignité de l’animal. Des associations
agissent, des politiques dénoncent. « La dignité », terme galvaudé,
utilisé des plus grands aux plus petits, au sens détourné, arc-bouté, des philosophes
aux religieux, piétiné par le capitalisme toujours plus fort, exercé par
l’argentier toujours plus riche. Il me
plaît d’utiliser ce terme « dignité » pour la bête, la mettant enfin sur
le même palier que l’être humain quel qu’il soit. L’animal n’est pas l’unique victime,
la vulnérabilité attire le dominant, il tatoue la peau du pauvre type, puis le
dégrade jusqu’aux oubliettes. Il suffit d’être sans emploi, puis sans toit, il suffit
de percevoir un salaire ou une pension de retraite indécents, il suffit d’être
sans soutien familial, il suffit d’être né au mauvais endroit, lourd de la
mémoire des colons, lourd d’un pouvoir dictatorial, lourd d’irrespect
démocratique, il suffit d’être sans papier, il suffit d’être sans territoire,
expatrié, il suffit d’être différent, il suffit…
La main humaine se régale d’user
de la maltraitance. Elle est capable de franchir le mur de l’imaginable
jusqu’au génocide qu’il soit animal ou humain. Ignorance, cruauté ? Bourreau,
doté d’une conscience excessive de sa propre valeur, éborgne l’autre sans
scrupule. Le mufle a un besoin incessant
de propriété du territoire et de tout être vivant. Influence capitaliste ?
L’humain peut être ainsi. Il parvient
même à justifier de tels actes ! Fort de son pouvoir, il sait faire
détourner les regards, faire baisser les yeux et fédérer les peuples à ses
actes pervers. Ceux qui osent résister,
parler, écrire, dénoncer, subissent les insultes et...
Face à ce réel indiscutable
d’atrocités, l’acte barbare perdure sur toute notre planète. L’Histoire
n’a de cesse de se répéter. Faut-il
prendre conscience que demain chacun de nous peut devenir la victime pour
qu’enfin la barbarie cesse ? C’est un leurre de choisir le camp du criminel
en pensant éviter devenir sa proie ! Il y aura toujours un tyran pour
naître sur cette terre, prêt à mettre en œuvre son despotisme. Savoir le dénicher
et le stopper dans une cité où domine la Sagesse. La distance n’est plus une
excuse. Abattre les frontières et mettre fin aux génocides, guerres, massacres,
tueries, incendies, bombardements.
Un enfant, seul, continue de
pleurer loin de moi et pourtant je pourrais le bercer contre mon sein ; la
terre s’étouffe sous nos déchets, l’air s’asphyxie de notre pollution et l’univers
saigne sous nos bombardements.
Il suffirait de décapiter celui
qui depuis des siècles nous enchaîne, faisant de nous des choses, des robots,
des machins.
Il suffirait de penser. Pour toi,
pour moi, pour notre survie.
Marie-Noëlle Fargier