Mes vœux pour 2017 à ceux qu’on appelle « différents »
Je me souviens d'un stage que j'ai effectué dans une maison qui accueillait des enfants, des jeunes adultes autistes, sourds, muets et même aveugles.
Je me souviens de mon premier regard face à ces enfants qui quelquefois criaient, se mutilaient. Mon regard chargé d'incompréhension, de compassion.
Je me souviens de ces premiers jours avec eux, à partager leur quotidien et lorsque le soir j'allais chercher mon fils à l'école, je me disais « quelle chance j'ai ! »
Au fil des jours, mon regard a changé. Je me souviens d'une balade que nous avions faite, un parcours à effectuer dans le cadre d'une manifestation. Je devais « prendre en charge » un jeune autiste, sourd et muet, et aveugle. Ce jeune, très grand, athlétique, avait un visage magnifique. On commence la randonnée, puis on arrive dans les bois et ça grimpait...Il avait posé sa main sur mon épaule pour que je le guide, bien-sûr. On avançait, je commençais à transpirer, à me demander si j'aurais la force d'aller jusqu'au bout. Je le regarde, lui, le visage serein, pas une goutte de sueur. Et là, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. En fait, je me suis sentie plus légère, il est devenu mon guide. Nous avons fini le parcours, heureux tous les deux.
Le dernier jour de mon stage, je me souviens et me souviendrai toujours, de mon « au revoir » à ces enfants, ces jeunes adultes. Cet « au revoir » exprimé avec certains par une bise, avec d'autres sans rien de palpable mais un « au revoir » encore plus fort. Arrivée dans ma voiture, j'ai pleuré. Des larmes dues à cette séparation mais aussi des larmes de reconnaissance parce qu'ils m'avaient fait découvrir en moi ce qu'il y a de plus beau.
Je ne peux pas imaginer la souffrance que les parents de ces enfants peuvent avoir. Je crois pourtant que celle-ci serait plus supportable si le regard des autres évoluait...Je pense sincèrement que ce qui importe à ces personnes qui sont ou devraient être un exemple, est le regard que nous leur portons car le leur nous fait sans cesse grandir.
Que l’année 2017 apporte aux gens dits « normaux » un regard non de compassion mais d’admiration à ceux désignés comme « handicapés » !
Ce dernier mot n’est-il pas à bannir de notre langage ?
En fait, ne s'applique t-il pas plutôt à nous : les gens dits 'normaux" ?