Je vous parle souvent du "Camaret", petit coin de paradis près d'Arlempdes où la fin de mon roman "la Bukinê d'Anna" se déroule, et comme vous le savez, où se passe la suite de ce roman que je suis en train d'écrire (bien avancé :)). Le Camaret est la maison où j'ai passé une grande partie de mon enfance, en vacances chez mes grands parents Isidore et Victoria. Tous deux m'ont transmis ce qu'il y a de plus beau : l'amour et le respect de la nature et savoir écouter le silence...(Merci à vous)
J'ai retrouvé cet article qui parle d'eux, qui parle de leur vie que j'ai eu la chance de traverser. On peut y lire leur regard sur la nature, sur ce fleuve qui les nourrissait, sur les gens, en toute simplicité..Je vous laisse découvrir :
En amont d’Arlempdes Au temps du bac de Camaret et des
truites au bleu de Victoria Ils sont nombreux, très nombreux à se souvenir de «
Camaret », lieu-dit du bord de l’eau, deux kilomètres environ en amont
d’Arlempdes, juste à l’endroit où la route cesse de suivre le fleuve pour
monter en direction de Vielprat. Souvenirs éblouis d’un temps où la jeune
Loire, ici, se passait encore en bateau – le fameux bac de Camaret – où
l’auberge d’Isidore et Victoria Mialon, plus connus sous leur sobriquet « Les
Farasse », était tellement accueillante et animée les soirs de fête. Nous avons entr’ouvert l’album aux souvenirs. LE BAC Après
celle de Bruchet, sous Salettes, la barque de Camaret c’était le second bac sur
la Loire, à l’époque où l’on se déplaçait beaucoup à pieds et où les ponts
étaient rares. A Camaret, il y avait câble tendu d’une rive l’autre. Quand les
gens descendaient d’Espinasse par le sentier, rive droite, ils criaient, les
mains en porte-voix jusqu’à ce qu’Isidore ou Victoria les entendent et viennent
à leur rencontre, en tirant sur le câble. - Les faisiez-vous payer ? -
Pensez-vous. Ils payaient un canon et Isidore payait le sien, ça se passait
comme ça ; plus tard, on m’a installé une sonnette ; de l’autre côté, ils
appuyaient sur un bouton et chez nous ça sonnait, comme le téléphone... Le bac
a continué à fonctionner, de plus en plus épisodiquement, il est vrai, jusqu’à
la fin des années 60. Subsistent encore, plantées dans le pré, les deux
traverses au milieu desquels passait le câble, et l’anneau d’amarrage au bord
de l’eau. La dernière barque, celle qu’avait fabriquée M. Reynaud, menuisier à
Goudet, a été balayée par la grande crue de 1980. Elle a plein de souvenirs,
Victoria, à propos du bac, par exemple quand elle a bel et bien sauvé, en le
tirant dans la barque, un homme qui se noyait pour s’être aventuré à vouloir
passer la Loire à pieds : « Vous pouvez pas savoir comme c’est fort, un noyé !
». Des noms de personnes ainsi tirées de l’eau surgissent de la mémoire : un
certain Paysal, un Roland, mais les souvenirs sont flous, quant aux dates... Et
les jours de la foire aux moutons de Freycenet (d’Arlempdes), c’est par bacs
entiers qu’on traversait les animaux. Quelle foire alors ! L’autre
spécialité de la maison, c’était les truites. Isidore était lui-même un as de
la fario, au coup de ligne légendaire : « Il a pêché jusqu’à ses derniers
jours, quand il avait besoin d’une canne pour marcher ». Mais Isidore
pratiquait aussi le négoce : « Il était déclaré comme marchand de poissons. II
avait fait de grands paniers en osier ; il mettait une couche de paille, une
couche de truites, et ainsi de suite. A pleins paniers ça descendait au Puy,
chez Mme Valette qui était alors rue de la Passerelle, chez Terrasse, et même
chez le préfet. Après la guerre, on était amis avec le préfet Valentin, on lui
en a descendu des truites ! ». Il faut dire qu’Isidore faisait office de
collecteur pour tous les pêcheurs du coin. Jean-Louis Fay nous montrera la cave
taillée dans le roc, fraîche comme un réfrigérateur : « Des tonnes de poisson
sont passées ici ». Sans parler de ceux conservés vivants dans le vivier, en
contrebas. Ça permettait de faire la truite au bleu, spécialité de l’auberge.
Victoria avait d’ailleurs la réputation de préparer les meilleures truites du
monde. Ceux qui l’ont vu les retourner d’un seul coup de poignet dans la grande
poêle noire en parlent encore avec admiration. Et ses écrevisses ! Alors là, à
genoux pour un plat d’écrevisses de Victoria. Ci-dessus : une des rares photos
de la barque de Camaret, ici avec Sylvie, une des filles des époux Mialon qui
assuraient le service du bac. L’AUBERGE ET LE BAL Autrefois, Camaret n’était
pas la grande maison qu’on connaît aujourd’hui, bâtie vers 1955. Le bâtiment
n’avait qu’un étage ainsi qu’on peut le voir sur un tableau conservé par Mme
Fargier. Mais on a toujours fait ici le casse-croûte et l’omelette. On venait
n’importe quand, il y avait toujours de la charcuterie, du fromage, et une truite
au frais, bien sûr. Quelques messieurs et dames du Puy ne dédaignaient pas ces
rustiques agapes: Isidore et Victoria étaient les amis de tous. On descendait
d’Espinasse pour venir trinquer, de Costaros et de Landos pour un casse-croûte
en amoureux (n’est-ce pas M. Lasherme !) ou entre amis.
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